origines de l’association

Mère de trois enfants (un fils né en 1984 et deux filles nées en 1987 et 1991) j’ai perdu l’un deux en août 2003. Mon fils est décédé suite à des troubles bipolaires majeurs. Les mois et les trois années qui ont suivi ont été un terrible combat contre l’envie de le rejoindre (désespoir, dépression, nuits blanches, la folie qui vous guette…) ; et puis “la sortie de ce coma” au cours du dernier trimestre de l’année 2006, avec une volonté farouche d’agir pour ne pas mourir. Un livre relate ce parcours “il est dans les statistiques” et depuis décembre 2006, il y a cette association “Orphedenf” .

Pourquoi cette association ? Tout simplement, parce que j’ai “galéré financièrement” et je ne crois pas être la seule. Des frais d’obsèques importants pour mon budget m’ ont contrainte à m’endetter. J’ai appris depuis, que des parents démissionnent de leur travail. Réduction, voire suppression des allocations familiales, auxquelles s’ajoute parfois une perte de salaire ! On ne peut pas laisser faire ! Nous, parents orphedenfant, sommes déjà dans une situation où l’immensité de notre chagrin pourrait avoir raison de notre envie de continuer à vivre, et la société y ajoute des problèmes financiers, en nous pénalisant. Ainsi, du jour au lendemain, la caisse d’allocations familiales m’a supprimé 390 euros par mois. Je me suis humiliée à solliciter un secours et j’ai obtenu 200 euros ! C’est lamentable ! J’avais le solde de mes impôts à régler, et les 10 % accordés quand on rencontre une situation “exceptionnelle” m’ont été refusés. Sans commentaire car c’est d’une telle goujaterie qu’il n’y a plus de mot pour qualifier l’attitude de ce fonctionnaire zélé. Souffrance, humiliation, privations pour payer les dettes fut mon lot. J’ai décidé de pallier à cette carence législative car les orphedenfants sont ignorés par nombre d’institutions, ou pas réellement reconnus, ce qui est le cas de la Caisse d’allocations familiales. Actuellement,vous pouvez être aidé par le biais d’un secours ou pire le non remboursement du trop-perçu (après examen du dossier en commission de recours gracieux) quand la famille a tardé à déclarer le décès de l’enfant. Je dis non à la charité. Je veux que la société reconnaisse ce fait “qui n’arrive pas toujours qu’aux autres” et qu’une législation d’aide légale soit adoptée envers ces parents, qui n’ont nul besoin d’être humiliés ou d’être purement et simplement radiés de la longue liste d’allocataires de France : 10 millions. Ne peut-on pas faire un effort pour les 7 000 familles touchées par le décès d’un enfant ? Cette aide me paraît légitime et ne coûte “pas cher” comme cela m’a déjà été rétorqué car les allocations qui auraient été versées à ces familles pendant des mois, voire des années, (40 % des décès d’enfants concernent des enfants de moins de quatre ans) représentent mathématiquement une économie. Les frais d’obsèques sont onéreux (5000 - 8000 euros voire plus) il faut lever ce tabou et oser en parler.

Les orphedenfants ont droit à un soutien moral et psychologique et cela existe déjà : des associations oeuvrent dans ce sens depuis plus d’une dizaine d’années et leur action est formidable. Même si cela est prioritaire, cela ne doit pas faire oublier que les orphedenfants ont droit également à une prise en charge même minime de la dépense consacrée à l’enterrement de leur enfant. Que la C.A.F soit à la hauteur de son slogan sur son site internet : “100 % HUMAIN”. S’il y a une situation, où il faut apporter une aide, c’est bien celle-ci, car votre désespoir est tel, que vous taisez vos problèmes financiers. Si je peux éviter cela à d’autres, l’association aura réellement eu sa raison d’être. Cette association m’aide car j’ai transformé ma douleur en énergie et en action, et cela me permet de rester debout.